La braguette : quelle histoire ! Découvrez les aventures tumultueuse de cette petite chose.
Qu’elle se zippe ou se boutonne, la braguette s’affiche sur tous les pantalons. Petite histoire de cette fente discrète qui donne parfois lieu à de belles pantalonnades !
Cassée, coincée, qui déraille ou descend toute seule… la braguette n’est pas toujours aussi fiable qu’elle le devrait. Impossible cependant de sortir avec un système de fermeture défaillant, au risque d’exhiber les pièces les plus intimes de votre vestiaire. La situation est tellement délicate que la start-up Noti-fly a même réfléchi à une “smart braguette”, une braguette, qui envoie une notification sur le smartphone en cas d’oubli ou de précipitation !
Un problème délicat que les hommes de la bonne société ignoraient jusqu’à la fin du Moyen-âge, et pour cause : ils portaient, à l’instar des dames, des tuniques et robes en lieu et place du pantalon. Il faut attendre le 15ème siècle, pour voir apparaître l’ancêtre de la braguette. Exubérante, celle-ci s’apparente à une pièce d’étoffe très colorée, souvent rembourrée pour valoriser le membre viril, maintenue par une ceinture appelée « braiel ». « La braguette, qui devait sauvegarder la décence, devient l’emblème de la sexualité triomphante », précise Colette Gouvion, co-autrice de Braguettes, une histoire des mœurs et du vêtement. Véritable excroissance s’exposant aux yeux de tous, cette poche servait aussi à garder son mouchoir, cacher sa bourse et ses monnaies, ou même des fruits que l’on voulait faire mûrir… D’où ses imposantes proportions ! Pour la décence, on repassera…
Décomplexé, ce style fait des adeptes, y compris chez les grands esprits. “La braguette est un motif récurrent dans l’œuvre de François Rabelais, peut-être même son point nodal”, peut-on lire sur le blog deliere.fr. Mais elle a aussi ses détracteurs. Parmi eux, Montaigne. Le philosophe dénonce dans ses essais « ce vain modèle et inutile d’un membre que nous ne pouvons […] honnestement nommer, duquel toutesfois nous faisons monstre et parade en public ». Les goûts, les couleurs…
“Après une ère de sexe sans tabou, le XVIIe siècle se veut pieux et vertueux. Réforme et contre-réforme gomment les mirifiques braguettes et le corps de l'homme s'efface en dessous de la ceinture”, précise le site Fashionnetwork. La braguette reviendra au 18ème siècle sous une forme très sage : la culotte à pont. Plébiscitée par Napoléon, cette pièce de tissu qui part de l’entrejambe, se rabat et se boutonne à la taille va cependant disparaître au 19ème siècle, sous l’impulsion de Georges Brummel. Ce dandy anglais qui a donné son nom à la marque de prêt-à-porter masculin d’un grand magasin, est à l’origine de l’ancêtre du pantalon moderne. Un pantalon dont la braguette est « strictement boutonnée, bientôt cachée sous une patte », rappelle Colette Gouvion avant de raconter que depuis cette époque, les tailleurs de costumes sur-mesure sont contraints de demander avec le flegme d’un majordome britannique : “Monsieur, portez-vous à droite ou à gauche ?". Car comme Nietzsche (qui n’était pourtant pas tailleur) le disait « le diable est dans les détails ».
- Précédent
- Suivant
Prise de rendez-vous
Le privilège d'un costume sur-mesure
